Celles et ceux qui nous entourent et qui, plus que jamais, se carapacent. Sous leurs masques, leurs plafonds, leurs pluies, leurs lendemains. Les inquiétudes embrassent leurs dos de mule chargés et lourds. Ils tournent en rond avec, noués aux pieds, leurs boulets de lassitude. Encore combien de temps, dit-on ?
A chaque fois que nous leurs parlons, nous faisons semblant de ne pas reconnaitre leur voix des petits jours. Nous leur disons tout ce qu'on espère bon à dire, que bientôt parait-il, que les yeux ne sont pas les cœurs, que ce qui compte est ailleurs, tout ce qui nous passe par la tête, nous le disons. On contourne les pièges, on s'empare des fleurs, mais oui ça va, ça va aller, ça ira, il y a pire, quand tu penses à celui qui, et toi comment vas-tu, bien sûr que c'est normal, comme tu dis, allez, c'est l'heure maintenant, mais on se retrouve bientôt, bien sûr, ne t'inquiète pas, ça va, ça va aller.
On retourne au creux de nos vies flottantes, les rames entre les mains et la barque hésitante. Et pendant ce temps que l'on pagaie, à nouveau, nos fragiles s'emmurent. La pièce qui les abrite est toujours aussi vide, ils le savent bien, il ne se passe rien de nouveau depuis des mois. Sûrement jalousent-ils les volatiles qui dansent, de l'autre côté de la fenêtre.
Alors peut-être qu'à force, ils fermeront les yeux. Lentement, ils déploieront leurs bras pour se mettre à onduler avec la raideur de ceux qui n'en ont plus l'habitude. Et après ? Puisque personne ne les regarde, ils continueront. Ils chavireront à droite, à gauche, trébucheront, se redresseront et enfin, ils voleront pour de bon. Le temps ne comptera plus. Ils voleront et cette fois c'est promis il n'y aura pas de fin, pas d'alerte, pas de tempête, pas de danger, pas de prudence car dans leurs rêves à eux, là-bas, derrière leur paupières closes, le ciel restera bleu, bleu, bleu. Toujours, bleu.