Ado, j'étais super complexée intellectuellement (physiquement aussi d'ailleurs, mais c'est un autre sujet). Je regardais les bons élèves se plier aux consignes, mémoriser les dates, lever le doigt, répondre, réviser, apprendre, retenir, savoir et je me demandais, c'est quoi mon problème ? Je ne trouvais pas d'autre réponse que : je dois être un peu con. Et je ne peux pas dire que le système scolaire ait fait quoique ce soit pour me faire changer d'avis...
Et puis un jour, j'ai rencontré la philosophie et ça vraiment, ça a transformé ma vie. Parce que d'un coup, mes questions intimes prenaient de l'ampleur. D'un coup, mes doutes prenaient un sens. D'un coup ce n'était plus un problème que je ne retienne pas les leçons et que je ne sois jamais tout à fait sûre d'être d'accord avec ce que tout le monde disait. Au contraire, même : c'était une chance.
Sans la philosophie, je n'aurais jamais osé considérer mes gribouillages de coin de cahier comme une manifestation d'une potentielle créativité. Je n'aurais jamais osé faire une école d'arts. Et je n'aurais jamais trouvé la paix avec la personne que je suis. C'est-à-dire une personne qui préfère les questions aux réponses. Rien de plus, rien de moins.
"Le monde de Sophie", qui est sorti il y a une trentaine d'années, a été récemment réinventé en BD et c'est un vrai bijou d'intelligence. Je souhaite à toutes les personnes qui doutent (de leur intelligence, de leurs opinions, de leur raison d'être) d'avoir la chance de le lire et de poser ainsi un nouvel éclairage sur leurs capacités. Et je le recommande à tous les ados qui sont à ce moment de leur vie, si précieux, où l'on décide ce que l'on deviendra.
