Nos mains et nos premières fois. Les tentatives, les amours, les rencontres, les farandoles. Nos mains qui se soulèvent, se joignent, se serrent, se nouent, au rythme de nos battements. Nos mains que l'on tend, juste ici ou à l'autre bout du monde. Nos mains qui se plissent, se mêlent, s'enlacent. Nos mains silencieuses se logeant précisément à cet endroit où personne -pas même nous- n'avait jamais su aller et avouant, à chaque effleurement, ce que nous ignorions.
Nos mains qui, parfois, se retirent. Les blessures, les larmes, les solitudes. Nos mains, aussi, qui résistent, empêchent, se cachent, disparaissent. Tremblantes, usées, rugueuses. Nos mains tombées en deuil, l'une sans aucun mot pour l'autre, tâtonnant en vain à la recherche d'un nouvel horizon, d'une fortunée rencontre. Nos mains fâchées, méfiantes, abîmées.
Nos mains et leur histoire. Sculptées par les souvenirs de nos vies. Le temps qui s'y inscrit. Rivières et ridules, contre-plis et vallées, couleurs, taches, douceurs, déchirures. La persistance, entre elles, du souvenir de ce qui a été et du vœu de ce qui pourrait être.
Et puis nos mains qui s'avancent, à nouveau. S'ouvrent et se referment, s'offrent et s'échappent, hésitantes et craintives. Nos mains qui sont visages, yeux, bouches. Miroirs de ce que nos mots taisent ou ne savent dire. Il suffit de bien les regarder pour en connaitre les secrets. Chahuteuses, amoureuses, rêveuses, aventureuses : nos mains et nos désirs.
Nos mains et puis les siennes, maintenant. Celles-là qui, tendrement, se glissent au creux des nôtres. C'est avec nos mains que nous embrassons véritablement. Avec elles que nous accueillons, acceptons, invitons, entraînons. Regarde : nos mains portent l'empreinte de nos cœurs. Entre nos doigts, nos sourires. Entre nos mots, nos espoirs. Entre nos chemins, nos lendemains.