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Après le feu


Sous nos yeux, le monde brûle d'un rouge ardent. Ici les pénuries, là les exubérances, pas une parcelle de territoire que l'on ne puisse franchir sans trébucher contre l'intolérable. Les routes sont recouvertes de soulèvements broyés. Des éclats d'or, devenus feuilles mortes. Le vent transporte le fardeau des injustices et effrayé·es, nous courbons le dos en priant pour que cela ne nous tombe pas dessus.


Mais un jour ou l'autre, cela finit par tomber. Près, loin, peu importe, c'est assez pour que l'on sorte la tête de nos chaussettes et qu'enfin, l'on se redresse. Alors la nuit revient et avec elle, le temps des rêves. Et plutôt que d'écouter le battement des pendules, on s'abandonne, on laisse notre cœur faire le raffut et soudain, l'on se met à vibrer. Entre nos mains naïves, des étincelles apparaissent. Des étoiles neuves faisant briller d'autres reflets, d'autres idées, d'autres vérités.


Le lendemain, au milieu du monde rouge, nous voici debout, en train de marcher. Durant quelques pas, on se croirait presque seul·es mais rapidement, on se rend compte qu'au coin de la rue, juste en face, quelqu'un brandit aussi sa fragile étincelle. Et là-bas, encore un autre. Et puis encore un là, et là, et là. Et désormais, par-dessus notre monde qui brûle, il y a comme un soleil ; un soleil vif et courageux, qui se lève.


Mona Hatoum, Hot Spot

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