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Canine

Qu'il s'agissent de peintures, de films, de spectacles, de musiques ou de livres, les œuvres que l'on a véritablement aimées ont pour point commun d'avoir été capables de nous bouleverser. A chaque fois, l’imaginaire de l’artiste devient le territoire de tous les possibles : un paysage sensible capable d'accueillir nos pas, nos respirations, nos émotions, nos secrets et qui, d'une certaine façon, nous ressemble. Nous sommes sœurs, frères, et sans avoir le moindre effort à fournir, le miracle se passe : nous nous comprenons, absolument. Il y a, en somme, une connivence parfaite entre l'œuvre et nous. Cette connexion a quelque chose d'inexplicable et, en ce sens, rappelle le processus de la spiritualité. C'est-à-dire la disposition à recevoir quelque chose qui nous dépasse et qui, en même temps, nous reconnait.


Le groupe Canine semble mû par cette quête d'un au-delà. Un masque de plumes noires énigmatique, recouvrant à moitié le visage de la chanteuse et faisant d'elle une figure aussi mystique que mystérieuse. Tout autour d'elle, une meute de musiciennes, ombres vêtues de noir aux gestes synchronisés et puissants. Et puis cette voix indescriptible, ni homme ni femme, sans âge et se confondant avec tout ce qui existe. Ce chant-là, lorsqu'on l'écoute, nous transporte vers une dimension sacrée. Mais ici, ni Dieu et, certainement, ni Maître. Simplement l'émotion, le collectif et le lyrisme. Magali, chanteuse-autrice-compositrice de Canine, nous partage ici quelques-unes de ses brèches fondamentales. Rencontre.


Brèches : Raconte-nous un rêve d’enfant.

Magali : Etant fan de dessins animés japonais, je rêvais de métamorphose sous une poussière d’étoiles et de rubans multicolores, et chanter sur scène également. 


Brèches : Un regret d’adulte ?

Je préfère ne pas y penser. 


Brèches : Un matin de chance ?

Certains matins, quand l’enthousiasme de la nouvelle journée et un sentiment de joie sont les premières sensations du réveil. C’est un mystère qui arrive parfois et que je savoure le temps qu’il dure.


Brèches : Une nuit de doute ?

Il y en a eu beaucoup. Avant Canine, j’étais très insomniaque, persuadée que je n’aurais jamais de place dans ce monde. Maintenant cela va beaucoup mieux, je ne me pose plus ce problème en ces termes. 



Brèches : Ce qui vous remplit d’espoir ?

La plongée sous-marine (un monde immense sous l’eau encore sauvage et inconnu) et la nature en général. Mes amies. Jouer la musique que j’ai écrite sur scène. 


Brèches : Ce qui vous désespère ?

Les gouvernants qui nourrissent le système financier qui broie tout sur son passage: le vivant et la possibilité d’avenir. 


Brèches : Un détour que vous affectionnez ?

L’apéro avec les gens que j’aime, famille, amis, équipe Canine. Je suis capable de faire beaucoup de détours pour que ce moment existe et reste sacré. 

Brèches : Un raccourci que vous exécrez ?

Devoir faire bonne figure pour gagner du temps. 



Brèches : Un souvenir enfoui ?

Quand j’habitais à Nice, je passais mes après midi à cueillir des pétales de fleurs, mimosa en hiver, roses au printemps, que je broyais dans de l’eau à l’aide de ma dînette. Je versais le liquide ensuite dans de petits flacons en verre pour en faire du parfum. 


Brèches : Un moment inoubliable ?

Il y en a eu beaucoup et heureusement. Je dirai les premières fois : la première fois que j’ai vu cette petite boule de poils noire grelottante et abandonnée qui est devenue ma chienne. La première fois que j’ai entendu mes morceaux interprétés par mes géniales chanteuses et instrumentistes. La première fois que je suis tombée amoureuse. La première fois que j’ai tenu une note chantée ouverte, ample et sans effort. La première fois que j’ai plongé et suis descendue jusqu’au fond.  


Canine (crédit photo: Ojoz)


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