LES VIES FABULEUSES - curation
- AnneSophie Berard 
- 1 févr.
- 2 min de lecture
// Commissariat d'exposition, volet II - Programme CURA
QUAND LES ETRES MAGIQUES NOUS ÉCLAIRENT...

La mise en récit, c’est-à-dire le fait de raconter des histoires, est spécifique à l’être humain et constitue un socle fondamental de notre façon d’être au monde. Et au centre de tous les récits, se loge la curiosité : le désir de savoir, d’apprendre, de transmettre. Cette soif de découverte est un moteur constant de notre évolution. Mais pourquoi avons-nous besoin des mondes fictifs ? Pourquoi des mondes qui n’existent même pas seraient susceptibles de nous concerner, voire, de nous transformer ? Qu’ils se déroulent au cinéma, dans les séries télévisées, dans la littérature ou même dans les jeux vidéo, comment expliquer cet engouement pour les mondes imaginaires ?

La première des motivations est certainement l’évasion. Les univers fantastiques nous autorisent à nous échapper de nos limites un instant, à oublier tout ce que la réalité peut avoir de réducteur, d’ennuyeux, de douloureux… ou simplement de déjà connu.
Mais à l’instar d’un.e explorateur.ice rencontrant un territoire inconnu, nous cherchons aussi des ressources, et tout particulièrement celles dont nous avons besoin, sans les avoir trouvées ailleurs. De ce point de vue, les mondes magiques apparaissent alors particulièrement féconds, car inédits. Chaque créature fantastique peuplant les récits -des plantes envoûtées aux animaux chimériques en passant par les mutants…- agissent comme des métaphores, des tentatives de ce que nous pourrions être. Loin d’être opposés, Le réel existe ainsi au travers de la fiction, et vice-et-versa.

Ce sont ces résonances, entre la représentation des êtres imaginaires et les enjeux de nos propres existences, que l’exposition Les Vies Fabuleuses souhaite explorer. Le réveil de l’artiste français Sofi Urbani guette l’amour ; les enfants bleus de l’artiste franco-camerounaise Beya Gille Gacha dénonce le conditionnement de nos héritages ; les pommes reluisantes de l’artiste française Carole Chebron interroge l’artifice de nos désirs. Les animaux sauvages de l’artiste américaine Karen Knorr s’aventurent dans le patrimoine humain ; l’artiste française Virginie Yassef joue avec nos sens autant que nos mots ; les êtres hybrides de Stella Sujin renouent avec l’eau et la nature ; les plantes de Scenocosme chantent à notre contact ; enfin dans le patio, les fresques de Madame explorent notre rapport au temps. A travers l’ensemble des œuvres présentées, nous espérons partager une réflexion en mouvement, indispensable et collective, sur notre vivre-ensemble : réensauvagement, interconnexions, respect des droits et des libertés sont les enjeux capables de dessiner les contours d’une autre façon d’être et d’habiter le monde.
Artistes exposé.es : Carole Chebron, Beya Gille Gacha, Karen Knorr, Madame, Scenocosme, Stella Sujin, Sofi Urbani, Virginie Yassef.
Commissariat : AnneSophie Bérard
Scénographie : Studio Bloomer (Laure Dezeuze)
Graphisme : Miriam Betoux
Production executive : Artistik Bazaar (Pauline Duval Servant), assisté de Rejoyce en direction technique
Les Vies Fabuleuses,
Exposition présentée à la Scène Nationale de la Garance (Cavaillon) en 2024-25 dans le cadre du programme Cura, initié par le ministère de la Culture, le CNAP et l ASN.


