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La foi de l'enfant



Quand j’étais gamine, je croyais que la mort n’existait pas. Je pensais qu’on grandissait, qu’on vieillissait, et puis qu’on rajeunissait à nouveau. Mon docteur aimait bien cette théorie. Il disait, raconte-moi encore ce qui passera quand tu seras grande. Alors je lui répétais : que mes parents allaient redevenir des bébés, et que moi j’allais m’en occuper, puisque je serai devenue assez grande pour être maman.


-Et après ? il demandait.

-Ben après, ça recommence, je répondais.


Pas de mort, pas de peur, pas de souffrance. C’était une belle histoire, je trouve. J’aimerais bien y croire encore. Ne pas avoir cette boule au ventre à l’idée que. Pour ne pas que ça me broie, pas trop fort, je m’efforce de regarder de l’autre côté. Du côté de ce qui naît. Je me dis, concentre-toi sur ce qui est là. Je regarde les enfants qui jouent, les fleurs qui friment, les mains qui se frôlent. Je regarde la vie qui se bat, qui lutte, qui résiste. Et je me dis, aime-la du mieux que tu peux. Fais des erreurs, rate, recommence, mais concentre-toi surtout sur l’amour de la vie. Aime-la du mieux que tu peux. Comme ça la mort, elle fera bien la gueule. Et la petite fille du passé aura presque gagné.

 

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